lundi 22 octobre 2012

Ma dose d'adrénaline

En quittant les services actifs de la police, j'avais un peu peur de m'ennuyer, de manquer d'action, de ne pas avoir "ma dose d'adrénaline"... Il y a quelques années, quand je suis entré à l'école d'Officier après 10 ans sur le terrain, j'ai fini par faire du parachutisme : maîtriser les risques, gérer le stress, flirter avec mes limites : tout ça me manquait trop ! Il y a quelques années, quand je me suis retrouvé enfermé dans un bureau la moitié du temps, je me suis remis à la course à pied : j'ai enchaîné les kilomètres, les semi-marathons puis les marathons ! Je ne courais pas après le chrono, j'avais juste envie de toucher mes limites, le besoin de me dépenser, de me dépasser. Alors j'avoue qu'à la perspective de passer un an à la maison, je me suis demandé comment j'allais gérer...

Mais après quelques semaines, je ne me pose plus la question. Oublié les progressions dans les entrepôts dévalisés, l'arme à la main,  oublié les interpellations de braqueurs en flag', les poursuites sur l'autoroute à 200 km/h...


Un large sourire du P'tit homme en pleine nuit après avoir bu son biberon, quelques "Arheu" béats ou encore un câlin demandé par ma fille qui se blottit dans mes bras en disant "Je suis contente que tu sois là" ou mieux : "Je t'aime papa" : mon coeur s'emballe et j'ai ma dose d'adrénaline pour la journée ! Alors fini les sauts en parachute, fini les courses au bout de soi-même, la prise de risques pour le simple plaisir de se frotter à ses limites. Si un jour je reprends des risques, ce ne sera pas pour "l'amour du risque" mais par amour pour eux...





lundi 15 octobre 2012

Des vêtements de taille...


Avez-vous déjà tenté d'habiller un bébé avec des vêtements de son âge ? C'est un véritable casse-tête !  
Et pourtant, je pensais avoir tout vu en matière de tailles farfelues car il faut dire que dans la police nous avons des mesures qui n'existent nul-part ailleurs ! Je me rappellerai toujours quand je suis arrivé chez le tailleur pour essayer l'uniforme : il m'a jugé d'un rapide coup d'oeil et m'a dit : 
" Vous mettrez du 80 en pantalon et du 104 en blouson... ou du 108 ! "
J'ai pas osé lui demander s'il avait trop bu alors je me suis dit qu'il devait être myope parce qu'en pantalon je faisais plutôt du 40... Finalement il avait raison ! Je n'ai jamais compris comment ils choisissaient les tailles dans la police parce que tout est comme ça... y a un qui a dû s'amuser à inventer un système métrique spécifique pour les flics !

Pour les bébés, ça doit être pareil. P'tit homme a deux mois mais il met du six mois. Et c'est déjà presque trop petit ! C'est bien simple : les vêtements de naissance qu'il avait, il ne les a jamais mis. Si ça continue, à un an il mettra du trois ans et à trois ans il mettra du douze ans...
Je me suis même demandé si sa mère ne mettait pas des protéines dans son biberon !

Intrigué par son développement exponentiel, je suis allé voir sa courbe de croissance dans son carnet de santé : elle est tout à fait normale (même s'il est dans la moyenne haute).

Mais alors que font les fabricants de vêtements pour enfants ? Ils se basent sur les mesures du Moyen-Age ou quoi ? Ils ne procèdent jamais à des relevées de mesures sur les enfants ? Ils devraient faire ça tous les 5 ou 10 ans, en relation avec les pédiatres par exemple.
Sachant que les enfants sont de plus en plus grands, à ce rythme là, dans deux ou trois générations à 1 mois il faudra acheter du 1 an, à 3 mois du 3 ans et à 1 an du 10 ans ! ! !

lundi 8 octobre 2012

La visite chez le pédiatre

C'est le même rituel tous les mois : la visite chez le pédiatre pour faire le bilan du p'tit homme !
Quand on entre dans la salle d'attente, on se retrouve plongé dans un musée des jouets pour enfants : il y en a de tous les âges (surtout de très anciens, preuve qu'à l'époque les jouets étaient très solides...) Il y a aussi des livres mais ne vous aventurez pas à commencer une histoire car il manque une page sur deux ! Et, là où la grande n'écoute que rarement les histoires que vous lui lisez à la maison, cette fois elle a décidé d'être attentive et elle n'hésite pas à vous faire remarquer que votre histoire n'a ni queue ni tête...
Mais voilà le docteur qui arrive : un homme de petite taille, rondouillard, d'origine indienne, à l'air débonnaire, arborant un large sourire en toutes circonstances et qui demande :
C'est à qui le tour ?
Ce qui prouve que notre pédiatre a de l'humour... Car il est très prévoyant et, là où il s'agirait d'une qualité pour tout un chacun, c'est un problème pour nous car il convoque deux ou trois petits patients à la même heure (des fois que l'un d'entre-eux ne vienne pas sans prévenir...)
Faut dire qu'on est tellement bien dans cette salle d'attente qu'on y passerait des heures...

 Une espèce en voie de disparition


De toutes façons, on a pas le choix : le pédiatre est une espèce qui se fait rare : il faut bien les chercher et surtout ne pas être pressé quand on prend rendez-vous... 

Enfin c'est notre tour. Nous entrons et déshabillons p'tit homme qui se retrouve tout nu à gesticuler dans tous les sens en lançant des regards inquiets autour de lui... On le rassure comme on peut, surtout qu'on est pas très rassuré nous-même !

Pourtant, le pédiatre a fait des études spécifiques après son doctorat en médecine générale afin d'obtenir une qualification qui lui donne le droit de manipuler votre tout petit comme si c'était un pantin désarticulé ! Quand je le vois faire, j'ai envie de lui passer les menottes pour actes de torture et de barbarie ! Ce qui le sauve c'est que p'tit homme ne dit rien, se laisse tordre dans tous les sens et que le pédiatre fait tout ça avec toujours un large sourire, ponctuant ses manipulations de "Voilàvoilà, c'est très bien, voilàvoilà, c'est très bien tout ça..."
Il faut dire que notre pédiatre est très optimiste. Quand il vous demande si vous avez des questions au sujet de la santé de votre bébé et que vous lui soumettez deux ou trois problèmes d'une importance cruciale à vos yeux, il répond invariablement : "C'est pas grave, ça va passer, c'est pas grave, ça va aller...il est tout petit vous savez, ça va venir..."

Enfin il vous demande de payer par chèque uniquement (à l'heure où plus aucun commerce n'accepte ce moyen de paiement, c'est assez amusant...) puis il vous donne rendez-vous le mois prochain sans vous demander si la date et l'heure vous conviennent ! Vous repartez avec une ordonnance pour des vitamines (comme si p'tit homme en avait besoin !) et allégé de quelques dizaines d'euros...
 

lundi 1 octobre 2012

L'interrogatoire

Après 20 ans de police passées dans différents services (brigade de nuit, brigade anti-criminalité, services d'investigation, service de commandement...) on pense maîtriser toutes les techniques d'interrogatoire. De la victime choquée à qui il faut poser les questions justes avec tact et diplomatie jusqu'à "l'indic" à qui il faut tirer les vers du nez sans se faire embrouiller, en passant par le criminel qui aimerait bien "s'allonger" mais à peur des conséquences de ses "confidences", on fini par connaître toutes les ficelles de la rhétorique policière. Là où je me trouve désemparé, c'est quand il s'agit de faire dire à ma fille ce qu'elle a fait durant sa journée à l'école :
- Tu as passé une bonne journée ?
 - OUI...
Si j'insiste un peu :
 - Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?
 Ses réponses sont toujours évasives du style :
- Plein de choses...
- Tu as fait du dessin, de la peinture, tu as lu des histoires ?
- Oui, un peu... ! 
En plus je ne peux même pas faire le coup du méchant et du gentil pour la faire avouer comme dans les films vu que je suis tout seul et que j'ai jamais su faire le méchant !
J'ai beau tenter tous les subterfuges qui me passent par la tête, rien n'y fait :
- J'ai vu ta copine Agathe, elle a dit que vous aviez fait de la gymnastique...
- OUI, UN PEU... ! !
Mais je ne lâche rien :
- J'ai vu sur le menu que vous aviez mangé du poulet et des frites ce midi, c'était bon ?
- Oui, UN PEU ! ! !
Finalement la semaine dernière, je suis tombé sur une émission matinale qui parlait des enfants et de l'école.  Quand une mère de famille s'est inquiété du manque de communication de ses enfants sur leur journée passée, le psy lui a répondu que c'était leur jardin secret et que la "méthode interrogatoire" à la sortie était vouée à l'échec.Ce n'est pas forcément qu'ils ont quelque chose à cacher mais qu'ils font comme les adultes : ils séparent la vie au "travail" et la vie à la maison. Cela tient aussi au fait que les enfants reproduisent ce que font ou disent leurs parents sur leur vie professionnelle et c'est vrai que raconter son boulot de flic à une gosse de 4 ans, c'est pas toujours évident... C'est pour ça que j'en ai jamais vraiment parlé ou alors je répondais à ses questions de manière évasive... COMME ELLE !

Je me suis dit que désormais je lui dirais en quoi consiste mon travail, avec des mots simples et choisis. Et puis je me suis senti soulagé : ça veut dire que j'ai peut-être pas perdu la main en matière d'interrogatoire...