dimanche 17 mars 2013

Le défi de l'Amour au 21e siècle...

En entrant dans la police il y a 20 ans, je ne pensais pas être confronté un jour à l'homosexualité des personnels* ! Dans ce métier qui véhicule des stéréotypes macho de force et de virilité, il me semblait impossible qu'un homme assume une telle différence. Et je ne m'étais pas trompé de beaucoup : très peu d'homme osent l'avouer, même si certain ont du mal à s'en cacher ! Par contre, j'ai connu (et je connais encore) des personnels féminins qui assument (voire, revendiquent !) leur choix d'un mode de vie et d'une sexualité différente... A l'époque, on ne parlait pas encore de mariage pour tous et j'avoue que je n'avais pas vraiment d'avis sur la question... Jusqu'à ce que je me retrouve à partager mon bureau avec une collègue lesbienne il y a dix ans environ. Elle vivait avec une femme depuis quelques années, elle assumait son homosexualité sereinement, en toute discrétion mais sans que ce soit tabou. Elles envisageaient d'avoir des enfants en ayant recours à l'insémination artificielle et se posait le problème de l'autorité parentale, au cas ou l'une d'elle décéderait... Elles ont eu chacune un enfant et elles les ont élevées ensemble. Durant toutes ces années, j'ai compris combien elles devaient affronter de problèmes au quotidien : avec leur famille, avec certains collègues, avec leurs voisins,etc. Plus tard, avec les parents d'élèves et les copains des enfants... J'ai fini par avoir du respect, de l'empathie, de l'admiration même, pour ces personnes qui font un choix radical et malgré tout difficile à assumer de nos jours.
A cette occasion, je m'étais demandé comment je réagirais si l'un de mes enfants m'avouait son homosexualité... et j'étais partagé !



Hier, en rentrant de l'école, ma fille m'a dit qu'elle avait un chéri : B. lui a offert une fleur en demandant si elle voulait bien être son amoureuse mais elle a refusé car elle aime A. ! Heureusement, il l'aime aussi... OUF, me voilà rassuré. Jusqu'à ce qu'elle me dise que finalement B. s'était rabattu sur sa copine C. qu'il aimait... mais qu'elle aimait aussi !
- Oui mais ce n'est pas pareil : ta copine, ce n'est pas ta chérie. Les filles ne peuvent pas être amoureuse entre-elles... 
- Pourquoi ??? me répond ma fille !
Oups !... Et oui, pourquoi ? Ou plutôt, pourquoi pas ?
A l'heure du mariage pour tous, comment lui expliquer que les garçons ne peuvent tomber amoureux que des filles et inversement ? Surtout, ais-je le droit de le faire ?

Là où nos parents nous disaient que l'amour est un sentiment très fort entre un homme et une femme, que le mariage scelle cette union de deux êtres de sexe opposé, pouvons-nous continuer à tenir ce discours quand on sait que la moitié des mariages hétérosexuels se finissent par un divorce ? Et si le mariage homosexuel est reconnu par la loi, et donc l'amour d'une personne du même sexe est reconnu par la société, comment lui expliquer que ce couple d'hommes qu'on voit se promener en se tenant par la main, que ce couple de femmes qu'on voit s'embrasser avec sensualité, n'est pas « normal » ?

En même temps, il m'est difficile de dire à ma fille qu'elle peut tomber amoureuse indifféremment d'un garçon ou d'une fille, que seul le bonheur compte, que son épanouissement personnel (et plus tard, sexuel) passe avant tout... Le stéréotype du couple hétérosexuel est encore très présent dans l'inconscient collectif et même si je revendique mon ouverture d'esprit, mon éducation chrétienne catholique a encore du mal à s'y faire (même si je ne suis pas très pratiquant). C'est le défi de l'Amour au 21e siècle ! A moins que le tout nouveau pape François donne sa bénédiction aux unions homosexuelles... mais ce n'est pas pour demain !

Finalement, je n'ai rien répondu ! Je n'ai pas trouvé les mots... Et puis elle n'a pas encore 5 ans ! J'ai encore le temps... Mais le jour où se présentera le problème (s'il se présente un jour et si tant est que ce soit un problème...) je crois que je lui dirai d'écouter son coeur. Et quel que soit son choix, je la soutiendrais tant que je pourrais.



* a noter que depuis plusieurs années, il existe une association gay et lesbien reconnue au sein de la police : FLAG

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