L'autre soir, au moment de coucher ma
fille, je prends un livre dans sa bibliothèque afin de lui lire une
histoire et je tombe sur les Fables de La Fontaine, version illustrée
pour enfants. J'en choisie une bien connue : Le Lièvre et
la tortue, avec cette particularité que la morale se trouve
au début du texte et non à la fin : Rien ne sert de courir,
il faut partir à point...
J'aime beaucoup les Fables, on
les cite souvent au travers d'expressions de la vie courante sans
forcément le savoir : on sait ce que veut dire être plus
cigale que fourmis, tiré de la
fable du même nom et ce n'est pas rare d'entendre dire :
patience et longueur de temps... mais on oublie souvent d'ajouter ...valent mieux que cris ni que
rage, tiré de la fable Le
lion et le rat. Il faut avouer que les textes ne sont pas toujours accessibles. Alors
que je suis au milieu de la fable, ma fille m'interrompt :
- Mais je comprends rien à ton histoire Papa !
- Ah bon ? Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Bah... tout !!!
Perplexe, je
reviens en arrière et tente de lui expliquer le texte mais je dois
me rendre à l'évidence, ce n'est pas toujours très clair pour un
adulte alors pour une enfant...
Extraits pour ceux qui auraient oubliés leurs classiques :
ou encore :
<< Lui, cependant, méprise une telle victoire,Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y a de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. >>
et enfin :
<< Il partit comme un trait; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la tortue arriva la première."Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ? >>
Très joliment dit
mais à 5 ans, difficile de comprendre toutes les subtilités de notre langue...
Je tente un raccourci pour lui expliquer :
Je tente un raccourci pour lui expliquer :
- Le matin, quand on doit aller à l'école, il ne faut pas perdre son temps à jouer ou à regarder la télé, sinon on risque d'être en retard en classe...- Ah, d'accord !
Une
fois ma fille couchée, je me replonge dans Les Fables et je tombe sur
quelques perles qui sont toujours d'actualité, presque 500 ans plus
tard ! Comme
celle de La grenouille et le bœuf
où la première, honteuse d'être aussi petite, tente d'égaler le
second en retenant sa respiration :
<< … La chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ,
Tout prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. >>
Ou
bien celle de L'Ane portant des reliques, où
un baudet pense qu'on se prosterne sur son passage pour sa beauté
mais il est vite ramené à la réalité par un congénère :
<<... Quelqu'un vit l'erreur, et lui dit :
«Maître baudet, ôtez-vous de l'esprit
Une vanité si folle.
Ce n'est pas vous l'idole...>>
Et surtout, cette
morale que j'avais gardé à l'esprit depuis longtemps mais dont je
ne me souvenais plus la provenance et qui pourrait s'appliquer à
tellement de gens que l'on croise :
<< D'un magistrat ignorant, C'est la robe qu'on salue. >>
Ou
encore la Fable Les animaux malades de la peste
qui illustre tristement les errements de la justice à travers les siècles et
se termine ainsi :
<< Selon que vous soyez puissant ou misérables, Le jugement des cours vous rendront blanc ou noir.>>
Et
enfin, ma préférée : Conseil tenu par les
rats,
où les rongeurs, menacés par un félin affamé qui dessime leurs rangs, décident de se
réunir afin de prendre les mesures qui s'imposent. Et après de
longs palabres, se mettent d'accord sur la solution à adopter... que
personne n'ose mettre en œuvre ! Et de conclure, à juste
titre :
<< Ne faut-il que délibérer, La cour en conseillers foisonne ; Est-il besoin d'exécuter, il n'y a plus personne ! >>
A la lecture de ces quelques Fables, l'idée m'est venue d'en
rédiger une :
La fable du Papa-Poule(t)
Papa-Poule(t), blasé par son métier, de faire une pause avait envisagé.
Au même moment P'tit homme était annoncé, providentiel était ce bébé !
Après conciliabule avec Maman-Poulette, la chose était faite.
Un congé d'un an il prendrait, du bébé et de la maison il s'occuperait.
Quand le Saint arriva, une petite larme il versa.
Non pas de chagrin ou de tristesse mais de bonheur et d'allégresse.
Commença alors une nouvelle vie : fini la traque des délinquants sans répits.
Du biberon et des couches, il devint un expert et jamais il ne s'était senti aussi fière.
De l'argent sur son salaire, il perdit mais une richesse intérieure, il acquis.
Il profita de chaque instant, sans regret pour son argent.
Parfois il lui arrivait de douter, notamment quand les pleurs s'enchaînaient.
Mais toujours il finissait par se dire, qu'il avait de la chance de les voir grandir.
Un matin il compris, que bientôt ce serait fini.
Au travail il fallait retourner, des délinquants il lui faudrait arrêter.
Cette année trop vite était passée mais des souvenirs merveilleux, il garderait.
Cette parenthèse dans sa vie de policier, jamais il ne l'avait regretté.
Moralité : il suffit parfois de s'arrêter pour avancer...
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