mardi 14 mai 2013

Une blonde chez le curé...

Dans ma carrière d'officier, j'ai eu l'occasion d'assister à de multiples réunions. Certaines n'étaient même pas préparées et ne portaient pas forcément sur notre travail quotidien mais l'officier concerné étant absent, on nous y envoyait pour représenter la Police Nationale. Notre mission était de faire acte de présence, de prêcher la bonne parole, avec pour consignes d'en dire le moins possible et de ne jamais rien promettre... J'ai parfois connu des grands moments de solitude : quand on vous interroge sur la politique de lutte contre la délinquance économique et financière (à laquelle vous ne connaissez rien!), quand on vous demande de remédier au problème de la prostitution (problème qui perdure tout de même depuis des siècles et auquel personne n'a jamais trouvé de solution...) ou quand des citoyens demandent à ce que les policiers viennent passer la soirée chez eux pour entendre le bruit que fait leur voisin tous les soirs afin de le faire cesser enfin... Bref, je croyais en avoir fini pour un moment avec ce genre de « réjouissances » mais c'était sans compter sur Monsieur le curé de la paroisse !

La semaine dernière, nous étions conviés à une réunion de préparation au baptême car P'tit Homme doit faire son entrée dans la communauté chrétienne au mois de juin prochain. Nous avions rendez-vous à 20h30 et nous avions confié nos progénitures à une amie, les bambins n'étant pas invités. Nous étions une quinzaine de couples autour du curé et celui-ci commença par présenter la paroisse qui comprend plusieurs communes et plusieurs églises. Quand il se mit à parler d'une petite chapelle dans une des communes alentours assez réputée pour son vin, une des convives lui coupa vertement la parole pour demander :
C'est où çà ?
Il la regarda un peu interloqué, non-pas tant à cause de la question qui paraissait stupide (il n'y a pas de question stupide mais c'est un peu comme si un parisien demandait où se trouve les Champs-Elysées ou un marseillais où se trouve la Cannebière...), non, c'était plutôt l'attitude de la personne : une blonde plantureuse, mâchant son chewing-gum négligemment, se tenant collée contre son conjoint, tout contre lui, s'exprimant avec un accent du Sud à couper au couteau... une vraie caricature ! Monsieur le curé indiqua poliment, un brin amusé, où se trouvait la chapelle mais je ne suis pas sûr que cela servit à quelque chose car elle restait dubitative...

Quelques minutes plus tard, nous étions séparés en deux groupes et nous nous sommes retrouvé avec le curé. Il distribua de petites cartes sur lesquelles étaient inscrit des mots en rapport avec la religion, le baptême, etc. Nous avions quelques minutes pour trouver celui qui nous paraissait le plus éloigné du sujet et les deux qui incarnaient, selon nous, le mieux, ce pour quoi nous étions là.
Évidemment, il commença par Miss Blonde qui se trouvait à côté de lui :
Quel mot avez-vous écarté ?
Alors moi j'ai rien choisi parce que pour moi, tous ces mots sont super important pour moi alors je peux pas en choisir un...
Oui, d'accord, je comprends bien mais il y en a bien un qui est plus éloigné que les autres de vos convictions ? 
Bah non... et puis en plus, avec tous les mots on pourrait faire une phrase alors je peux pas choisir...
J'échangeais des regards avec ma femme et nous faisions tout pour nous retenir de rire...
Monsieur le curé lui demanda alors quels mots elle avait choisi qui lui paraissait incarner son engagement dans la religion. Elle en trouva plusieurs, ne sachant plus que choisir, développant son propos jusqu'à nous raconter sa vie :
… parce que moi j'ai fait une insémination artificielle parce que je pouvais pas avoir d'enfants et finalement j'en ai eu deux d'un coup, on a des jumeaux, ils sont magnifiques, ce sont les plus beaux bébé du monde et moi je suis la mère la plus heureuse du monde, alors c'est doublement un don du Seigneur et de la Vierge que j'ai priée très fort, et même si des fois c'est difficile, je les adore plus que tout au monde... etc, etc...
Le curé eu toutes les peines du monde à l'arrêter ! E quand son mari voulait intervenir pour apporter une précision ou modérer ses propos, elle lui coupait immédiatement la parole, avant de s'en excuser aussitôt, non sans reprendre malgré tout son monologue... J'avais l'impression d'assister à un sketch de Florence Foresti ! Pendant ce temps, nous tentions de ne pas rire, nous échangions des regard amusés avec les autres convives et je crois pouvoir dire que nous ne sommes pas les seuls à nous être régalés...
Les autres couples trouvèrent chacun une explication plus ou moins convaincante concernant les mots demandés mais aucun ne réussit à égaler notre Miss Blonde !
Finalement, nous qui n'avions pas vraiment envie d'aller à cette soirée, on peut dire qu'on s'est bien amusés. Et même si nous n'avons pas appris beaucoup sur le déroulement de la cérémonie, nous en avons appris un peu plus sur la nature humaine...


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